Lorsqu’approche l’âge de la retraite, pour toute personne en activité, il est temps de songer à un ralentissement progressif de l’activité professionnelle. Le but étant de pouvoir profiter pleinement de cette nouvelle étape de la vie. Le dispositif de retraite progressive permet justement de réaliser un tel objectif. Mais cela ne se fait pas sans risques. Si vous êtes intéressé par la retraite progressive, il est important de tenir compte des pièges subtils qui s’y cachent. Retrouvez dans cet article les pièges à surveiller pour profiter d’une retraite progressive paisible.
Sommaire :
Qu’est-ce que la retraite progressive ?
Avant d’aller plus loin, il revient déjà de rappeler ce qu’est la retraite progressive, de la distinguer des autres types de retraites et d’avoir un aperçu de ses avantages.
La définition de la retraite progressive
La retraite progressive est un dispositif qui permet aux salariés d’entamer leur passage à la retraite de manière maîtrisée. Initialement prévu pour les salariés du secteur privé, ce dispositif est aujourd’hui ouvert également aux fonctionnaires et travailleurs indépendants.
L’objectif du dispositif de retraite progressive est double. Tout d’abord, il est conçu pour permettre aux futurs retraités de préparer sereinement leur départ en retraite, aussi bien financièrement qu’émotionnellement.
La distinction avec les notions voisines
La retraite progressive se distingue parfaitement des autres formes de retraites. Ce dispositif est une forme de préretraite qui se distingue notamment de :
- La retraite classique
Ce dispositif permet au salarié une cessation de l’activité professionnelle tout en conservant son salaire
- Le cumul emploi retraite
Il permet au salarié de reprendre une activité professionnelle au terme de la liquidation de ses pensions de retraite de base et complémentaire.
Les avantages de la retraite progressive
La retraite progressive offre de nombreux avantages au salarié. Parmi ceux-ci, on peut citer :
- La réduction de l’activité professionnelle ;
Avec l’accord de l’employeur, le salarié peut choisir une nouvelle durée de temps de travail. La nouvelle durée est comprise entre 40 et 80 % de la durée légale.
- Le cumul des revenus professionnels avec une partie de la retraite ;
Le salarié perçoit à la fois sa rémunération et une partie de sa pension retraite. Ce qui a l’avantage de lui permettre de maintenir son niveau de vie habituel.
- La poursuite des cotisations pour davantage bénéficier de droits à la retraite.
Le salarié continue de cotiser sa retraite. Cette faculté lui permet de cumuler des droits et des trimestres. Ce qui conduit plus tard à un recalcul de sa pension retraite.
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Comment bénéficier d’un départ progressif ?
Pour bénéficier du dispositif de retraite progressif, le salarié doit vérifier son éligibilité, les conditions à remplir, et enfin formuler sa demande de retraite progressive.
Les personnes habilitées
L’accent sur les personnes habilitées à pouvoir profiter d’une retraite progressive traduit le fait que tout le monde ne puisse pas en profiter. Le dispositif est ouvert entre autres aux personnes suivantes :
- Le salarié du privé du régime général ;
- Le salarié agricole affilié au régime général ;
- Le salarié sous convention de forfait en jours sur l’année ;
- Le salarié dont le travail est intermittent ;
- Le salarié sous contrat avec plusieurs employeurs ;
- Le mandataire social salarié ;
- Le voyageur représentant placier (VRP) ;
- Le travailleur indépendant du régime général ou du régime agricole ;
- Le professionnel libéral (CNAVPL) ou un avocat (CNBF) ;
- Le fonctionnaire civil de la fonction publique de l’État ou de la fonction publique territoriale ou hospitalière ;
- Un ouvrier de l’État.
Il est important de noter par ailleurs que le chauffeur taxi ayant adhéré à l’assurance volontaire du Régime général de la Sécurité sociale n’est pas éligible au dispositif de retraite progressive.
Les conditions à remplir
Les conditions à remplir désignent les critères exigibles à chaque personne habilitée à pouvoir profiter d’une retraite progressive. Voici quelques ci-dessous :
- L’âge et la proximité à la retraite
Le salarié doit être à deux ans maximum de l’âge légal de départ à retraite.
- Le nombre de trimestres cotisés
Il doit avoir cotisé au moins 150 trimestres dans tous les régimes de retraite de base.
- La réduction de l’activité professionnelle
Le salarié doit ajuster son temps de travail dans l’intervalle de 40 % et 80 % du temps plein. Le travailleur indépendant, quant à lui, doit réduire ses revenus professionnels de 20 % à 60 %.
Contrairement au cumul emploi retraite, les trimestres supplémentaires, acquis durant la retraite progressive, sont pris en compte pour la pension retraite du salarié.
La demande de retraite progressive
La retraite progressive n’est pas automatique. Pour en bénéficier, le salarié doit en faire la demande. Il doit l’adresser à la Caisse de retraite à laquelle il est affilié. Dans la pratique, le salarié doit remplir un formulaire de demande téléchargeable sur le site de l’Assurance retraite.
Le formulaire de demande du salarié doit être accompagné de :
- Copies de tous ses contrats de travail à la date de son départ en retraite ;
- Copie de sa pièce d’identité ;
- Deux derniers avis d’imposition sur le revenu ;
- Relevé d’identité bancaire.
Il est important de noter ici que l’employeur n’a aucune obligation d’accepter la demande du salarié. Excepté lorsque cela est prévu dans le cadre d’un accord collectif d’aménagement de fin de carrière signé par l’entreprise.
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Quels sont les pièges à surveiller proprement dits ?
La retraite progressive dissimule de nombreux pièges. Le salarié qui voudrait profiter de ce dispositif doit impérativement les maîtriser afin de ne pas voir sa demande rejetée par son employeur. Tout d’abord, il doit remplir les conditions telles énoncées ci-dessus. C’est-à-dire respecter la durée du travail à temps partiel exigée et avoir l’accord de son employeur.
Au-delà de ce qui précède, certains autres aspects doivent particulièrement être surveillés par le salarié. Il s’agit du montant de ses revenus, sa pension retraite et sa retraite complémentaire.
Le montant des revenus du salarié
Le salarié doit constamment garder un œil sur le montant des revenus qu’il perçoit. C’est un impératif absolu, car, pour valider un trimestre de retraite de base, le salarié doit obligatoirement toucher un certain revenu. Cet impératif lui est posé par son régime. Le défaut de l’observation de cette règle exclut le salarié du dispositif de retraite progressive.
Par exemple, le salarié doit gagner 150 fois le SMIC horaire en 2024, soit par trimestre, 1747,50 €. C’est dire donc que sur un an, s’il veut valider 4 trimestres, il devrait gagner un salaire annuel minimum de 6 090 €.
S’agissant du travailleur indépendant (artisan, commerçant ou professionnel, libéral), la même règle lui est imposée.
Le calcul de la pension de retraite du salarié : attention aux 25 meilleures années
Le salarié (ou éventuellement le travailleur indépendant) doit surveiller le calcul de sa pension de retraite.
Par des circonstances fortuites, il n’est pas exclu que selon la situation professionnelle et personnelle du salarié, les années durant lesquelles il a diminué son activité se retrouvent dans ces 25 meilleures années dans le cadre d’une retraite progressive.
Par exemple, un salarié a travaillé pendant 20 ans à temps plein. Durant le reste de sa carrière, il a travaillé à temps partiel. Alors ses années de travail à temps partiel seront incluses dans la moyenne de ses 25 meilleures années. Cela aurait fatalement pour conséquence de réduire le montant final de sa pension de retraite de base.
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Le montant final de la pension de retraite complémentaire
En France, il existe un système de retraite à double régime, en l’occurrence, le régime de la retraite de base et le régime de la retraite complémentaire. Dans le régime de la retraite de base, les cotisations du salarié sont transformées en trimestres cotisés.
En retraite progressive, le temps de travail du salarié/indépendant diminue. Ceci entraîne une diminution de ses cotisations en retraite complémentaire. De ce fait, le salarié obtient moins de points, conduisant ainsi à une baisse du montant final de sa pension de retraite complémentaire.
Par ailleurs, le salarié doit éviter de faire ses démarches administratives avant la fin de sa retraite progressive. C’est dire qu’il doit attendre la fin de cette dernière, qui correspond au moment où le salarié atteint l’âge légal de départ en retraite. Il est toutefois possible de prolonger cette période.
Les pièges que renferme le dispositif de retraite progressive sont assez subtils. Une mauvaise maîtrise de ces pièges peut entraîner l’inéligibilité ou l’exclusion du salarié au dispositif ou encore une diminution du montant de sa pension de retraite de base et/ou complémentaire.