Aujourd’hui confiné entre enthousiasme et scepticisme, le métavers a vu ses promesses initiales s’écrouler. Pour de nombreuses personnes, la technologie est morte, puisque ceux qui devraient être la figure de proue semblent avoir aussi changé de cap. C’est le cas de Meta, qui avait changé son nom en 2021, pour signifier ses investissements colossaux en la matière. Selon de grands noms de la Tech à l’époque, cet espace immersif et persistant que représente le métavers devrait métamorphoser nos usages numériques. Mais 4 ans après, rien ne bouge, rien ne change. Alors, est-ce déjà la fin ou la technologie se mue ?
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Des pertes, des abandons, mais de nouveaux produits
L’ambivalence dans laquelle baigne le métavers est tangible. D’un côté, ceux qui réalisent des pertes incroyables, n’atteignent pas les profits escomptés et abandonnent et sur l’autre rive des acteurs qui continuent d’innover.
Défenseur affiché du métavers, Meta enchaine des pertes depuis son changement de cap. En 2024, sa division Reality Labs, chargée du développement de logiciels et des matériels VR et AR, a perdu 4 milliards de dollars. Selon 01net, cela fait désormais une perte de 58 milliards de dollars, depuis le début des investissements dans cette technologie en 2020. Mais si la société perd d’un côté, elle en gagne d’un autre. Au troisième trimestre de 2024, elle a réalisé un net bénéfice de l’ordre de 15,69 milliards, bien aidé par le succès des Ray-Ban. Bien que les pertes ralentissent la société, elle ne démord pas. Mark Zuckerberg reste confiant sur les promesses de la technologie et continue d’y innover. Il a notamment présenté ses lunettes Orion reposant sur l’IA qu’il considère comme les outils en VR, AR les plus avancés.
Du côté de Microsoft, on a déjà jeté l’éponge sur le métavers (ou presque). La firme de Redmond a en effet déjà abandonné la production de son casque de réalité mixte HoloLens 2. Il en est de même d’Apple qui a mis fin à la production du casque Vision Pro, autrefois lancé en grande pompe. Et pour cause, les ventes ne décollent pas.
Toutefois, considérer uniquement ces sociétés et croire que le métavers est mort ne serait qu’erreur. Sur l’autre rive, Snapchat, Baidu, Samsung ou encore Google maintiennent subrepticement leur confiance en cette technologie et l’intègrent de manière pratique. Ces sociétés continuent d’innover en la matière, entre lunettes connectées et autres matériels en réalité augmentée. Samsung devrait prochainement présenter son casque VR basé sur le système d’exploitation Android XR de Google.
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Des usages tangibles donnent sa raison d’être au métavers
Si les produits VR et AR font face à une adoption lente, la technologie trouve bien sa raison d’être dans de nombreux usages qui s’imposent de plus en plus. Grâce à ses caractéristiques en matière de socialisation, la sensation d’habiter entièrement son avatar et l’effacement des barrières et l’impression d’interagir avec les autres, le métavers offre des expériences réalistes qui ouvrent la voie à des usages efficaces, innovateurs et durables.
Dans de nombreux domaines, la réalité virtuelle et la réalité augmentée sont déjà mises à contribution pour révolutionner les outils traditionnels. Dans l’enseignement, la technologie est utilisée pour réaliser des expériences pratiques dans un univers plus sécurisé. Les écoles qui n’ont pas les équipements peuvent réaliser des séances de travaux pratiques dans un univers virtuel qui simule la réalité. Chez les designers, la réalité virtuelle et la réalité augmentée aident à créer des modèles de bout en bout, parfaits, sans passer recourir à des prototypes physiques. Des magasins en ligne proposent par exemple aux utilisateurs d’essayer des vêtements depuis chez eux pour voir s’ils leur conviennent avant de l’acheter. Ce qui limite grandement les retours.
En outre, il ne faudrait pas oublier l’univers culturel qui profite aussi énormément de cette technologie. Elle a permis par exemple de reproduire des sites touristiques populaires pour permettre à des millions de personnes de les visiter en toute immersion depuis chez eux. Une aubaine pour toucher des millions de personnes qui n’arrivent pas à visiter les Pyramides, grottes de Lascaux et autres patrimoines à travers le monde.
Une chose est sûre, le métavers n’est pas mort. Comme le pensaient alors des hommes du domaine, il semble inévitable, mais loin des espaces immersifs et clos qu’on croyait. La technologie subit actuellement une transformation qui en redéfinit les contours et les usages. Le problème n’était peut-être pas la technologie elle-même, mais l’attente excessive que le public et les entreprises avaient placée en elle.